LES MONUMENTS AUX MORTS

Les monuments aux Morts existent depuis que les nations se combattent, mais c’est uniquement après la Grande Guerre qu’ils apparaissent de façon presque systématique sur nos places publiques.

POURQUOI CONSTRUIT-ON DES MONUMENTS AUX MORTS ?

La Grande Guerre représente alors le conflit le plus meurtrier sur le continent européen. Pour la France cinq millions de combattants, dont environ un million et demi de tués et trois millions de blessés, pour environ huit millions d’hommes mobilisés. Le bilan est lourd.

La loi du 25 octobre 1919 rend obligatoire l’inscription des noms des combattants dans des registres déposés aux Panthéon, il est précisé dans l’article 2 que « sur ces registres figureront les noms des non combattants qui auront succombé à la suite d’actes de violence commis par l’ennemi, soit dans l’exercice de leur fonction publique, soit dans l’accomplissement de leur devoir citoyen ». Les communes recevront de la part de l’Etat, suite à cette loi, un livre d’or dans lequel sont écrits les noms des combattants morts pour la France « nés ou résidants » de ladite commune. Cette loi annonce la mise en place de subventions accordées aux communes afin de les aider à financer les monuments aux Morts.

Pour que le nom d’un soldat figure sur le monument aux Morts, celui-ci doit être né dans la commune ou devait être domicilié en dernier dans la commune. De plus, son acte de décès doit porter la mention « Mort pour la France », que le soldat soit mort sur le front ou des suites de ses blessures.

Le 11 novembre devient une date de commémoration en 1920. C’est la première année, que dans la pratique, on commémore officiellement et cérémonieusement les pertes de la Grande Guerre.

QUI COMBAT ?

Affiche de Mobilisation générale

Tous les hommes entre 20 et 48 ans sont mobilisables car tous ont effectué leur service militaire et ont donc déjà un régiment. L’annonce de l’entrée en guerre de la France est symbolisée par une affiche décrétant la « mobilisation générale ».

Pour être soldat, il faut être citoyen, les femmes sont donc exclues du terme pour la période de la Grande Guerre bien que leur héroïsme est aujourd’hui loué pour tout ce qu’elles ont fait en dehors des champs de batailles.

Les citoyens sont donc les hommes de nationalité française, âgés de 21 ans minimum sachant que les militaires, les détenus, les membres du clergé et la plus grande partie des hommes des colonies françaises ne sont pas considérés comme citoyens. À partir de 1914, les statuts se brouillent et émergent les questions autour du “soldat citoyen”.

L’ANCIEN MONUMENT AUX MORTS

Dans la courette intérieure de la mairie se dresse une étrange statue, l’unique vestige de l’ancien monument aux Morts.

On peut voir qu’elle représente un soldat portant un drapeau. Le soldat est représenté comme venant d’être touché, en train de tombé ce qui est rare. En effet, quand la statue est figurative le soldat est représenté digne, glorieux et en pleine santé.

Autrefois situé sur l’actuel chemin qui mène à la mairie, entre la résidence pour personnes âgées et l’école maternelle, le monument a été déplacé pour les besoins de la construction de ladite RPA. L’école maternelle était alors la mairie, le monument aux Morts se situait donc sur l’ancienne place Louis Desgenétais.


Photographie sépia, Place Louis Desgenétais, on voit la fontaine, le monument aux morts et l’ancienne colonne de la caserne des pompiers, format carte postale.

Le monument original est inauguré le 28 mai 1922, la délibération attestant de la commande du monument date de 1919 mais certains problèmes de fabrication retardent sa livraison.

D’une hauteur de 6m25, le monument se dresse fièrement sur l’ancienne place Louis Desgenétais.

On y voit un ange, qui est en réalité une Victoire. Celle-ci veille sur le soldat portant le drapeau français, entre le soldat et la Victoire, la gravure de la Croix de Guerre (distinction créée en 1915).

Juste au-dessous des pieds du soldat est écrit :

PRO PATRIA
1914-1918
A la mémoire glorieuse
Des Enfants
De Gruchet-le-Valasse
Morts pour la France

Sur les trois autres côtés, des plaques de marbres sur lesquelles sont gravés les noms des morts.

On remarque que les limites du monument sont matérialisées par une grille en fer forgé.

L’ACTUEL MONUMENT AUX MORTS

Au moment de la construction de la résidence pour personnes âgées, la municipalité acquiert les locaux de l’ancien orphelinat qui est l’hôtel de ville actuel. On décide donc d’installer le monument aux Morts sur la place de la mairie.

On en change l’esthétique, la statue de pierre figurative est remplacée par un édifice sobre en marbre. Les noms des soldats de la Grande Guerre y sont gravés ainsi que ceux des soldats de la Seconde Guerre mondiale, avec des stèles à l’écart pour les victimes civiles de ce conflit et une autre pour les combattants des guerres d’indépendance des anciennes colonies françaises.

Inauguré le 22 novembre 1980 par le maire Claude Laplace et en présence de André Bettencourt.

Photographies de l’inauguration de l’actuel Monument aux Morts. 1981. Archives communales

DEVOIR DE MÉMOIRE

Le 11 novembre c’est la Fête de la Victoire. La nation prend une journée pour se souvenir et rendre hommage à tous ces soldats morts, sur les champs de batailles, dans les hôpitaux mais aussi ceux qui ont porté les conséquences de ces batailles dans leurs chairs et dans leurs mémoires.
Le 11 novembre 1918, c’est l’Armistice, ce n’est pas la paix, c’est le cessez le feu, on arrête les combats. Et peu de temps après on amorce la démobilisation, les soldats rentrent chez eux, les usines d’armements redeviennent des usines du quotidien.

Le 11 novembre c’est le jour où on se souvient des morts, de l’Histoire, de leurs histoires, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Monument aux morts Gruchet-le-Valasse, 2021, Archives communales

Anaïs SANSON